DB HENRI III. [i583]                        263
Furent aussi arrêtés Lodon, gentilhomme de sa maison, son ecuyer, son secrétaire, son médecin, et autres jus­qu'au nombre de dix, et tous menés à Montargis, le Roy les interrogea lui - même sur les deportemens de sa sœur, même sur l'enfant qu'il étoit bruit qu'elle avoit eu depuis sa venue en cour : dc la façon duquel étoit soupçonné le jeune Chanvallon, qui de fait, à cette occasion, s'étoit absente de la cour. Mais Sa Majesté n'ayant rien pû découvrir, les remit tous en liberté, et licentia sa sœur, pour continuer son voyage; et ne laissa pas d'écrire au roy de Navarre comme toutes choses s'étoient passées
Du depuis, le Roy ayant songe à la conséquence d'une telle affaire, écrivit nouvelles lettres au roy de Navarre par lesquelles il le prioit de ne laisser, pour ce qu'il lui avoit mandé , de reprendre sa sœur; car il avoit appris que tout ce qu'il lui avoit écrit étoit faux. A quoy le roy de Navarre ne fit autrement ré­ponse; mais s'arrêtant aux premiers avis que le Roy lui avoit donnés, qu'il sçavoit certainement contenir verité, s'excusa fort honnêtement à Sa Majesté, et cependant résolut de ne pas reprendre sa femme. De quoy le Roy irrité envoya Bellievre avec mandement exprès et lettres écrites de sa main, par lesquelles, avec paroles piquantes, il lui enjoignoit de mettre promptement à exécution sa volonté. Entre les autres traits des lettres du Roy, étoit celui-cy : « Les roys « sont sujets à être trompés, et les princesses les plus « vertueuses ne sont pas souvent exemptes dela calom-a nie. Vous sçavcz ce qu'on a dit de la feue Reine votre « mere, et combien on en a mal parlé. » Sur quoy le roy de Navarre se prit à rire, et en présence de toute la
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